Biographie
Un artiste maîtrisant avec finesse les subtilités de la langue française, enveloppé d'une musique riche et envoûtante : voici Alain Claude Baschung, plus connu sous le nom d'Alain Bashung.
Étiqueté comme un "rock intello", Bashung porte depuis son adolescence une fausse désinvolture et de véritables angoisses. Sa santé fragile le contraint à passer ses dix premières années en Alsace chez ses grands-parents. Son retour à Paris est marqué par une soif de découverte, principalement dans le domaine musical. Peu intéressé par l'école, l'adolescent s'identifie volontiers aux rythmes blues et rock américains. D'ailleurs, c'est pour une touche plus "anglaise" qu'il tronquera le "c" de son nom de famille. Il forme un groupe, The Dunces, avec des amis, et en 1966, ses premiers 45 tours voient le jour sans rencontrer un large public. Néanmoins, il travaille en tant qu'arrangeur pour d'autres artistes, apprenant ainsi les rouages du métier. En 1973, Claude-Michel Schöenberg lui offre le rôle de Robespierre pour son premier spectacle musical, "La Révolution Française". Cette expérience lui insuffle le virus du jeu, qu'il explorera plus tard au cinéma. Dick Rivers l'engage comme homme à tout faire.
Attitude rock and roll
Près de ses 30 ans, les choses commencent enfin à bouger. Bashung rencontre son parolier de prédilection, Boris Bergman, et le musicien Andy Scott. Il sort son premier album, "Romans Photos", qui, malgré un succès relatif, prépare le terrain pour un second opus, "Roulette Russe". Les titres "Bijou, bijou" et "Toujours sur la ligne blanche" préparent le terrain pour le triomphe de son single "Gaby" en 1980. Son cynisme teinté de jeux de mots savoureux et son humour sophistiqué conquièrent définitivement le public. "Pizza", sorti en 1981, grimpe rapidement en tête des ventes avec "Vertiges de l'amour". Spectacles et récompenses s'enchaînent. Son album suivant, "Play Blessures", écrit par le maître Serge Gainsbourg, déroute le public : Bashung donne le ton, affirmant qu'il ne sera jamais là où on l'attend.
"Figure Imposée" illustre bien cette liberté. En 1985, il revient au sommet des charts avec "SOS amor" et "Touche pas à mon pote". En 1987, "Passé le Rio Grande" déçoit une critique sévère mais remporte une Victoire de la Musique. "Novice", deux ans plus tard, donne une tonalité plus sombre à l'univers du chanteur. En 1991, la consécration arrive avec le triomphe de "Osez Joséphine" et "Volutes", sans oublier "madame rêve", offrant un univers musical hors mode qui séduit le public.
Un artiste faussement désinvolte
Pour ne pas démentir la légende, "Chatterton" en 1994 brouille les pistes. Quant à "Fantaisie militaire", sorti en 1998, grâce entre autres à "La nuit je mens", il touche profondément le public et remporte les Victoires de la Musique en 1999 pour l'album et le clip "La nuit je mens". Bashung est également sacré artiste de l'année. Il réitère l'année suivante en remportant le prix pour la bande originale de "Ma petite entreprise", un film de Pierre Jolivet. En 2002, "L'imprudence", un album comprenant treize titres collaborant avec "la vieille garde" telle que l'auteur Jean Fauque et le guitariste Marc Ribot, voit le jour. Près de dix ans après son dernier concert, Alain Bashung renoue avec la scène en 2003, avec des concerts en Belgique, en Suisse, et au Canada. Une tournée sophistiquée teintée de rock immortalisée dans un double CD "La tournée des grands espaces" sort l'année suivante. En 2005, dans "Climax", Alain Bashung reprend trente-huit de ses œuvres.
L'album d'adieu...
"Bleu Pétrole" est le dernier album studio de l’artiste français, sorti en mars 2008. Il bénéficie de la plume de Gérard Manset ainsi que de jeunes collaborateurs tels que Gaëtan Roussel (Louise Attaque) et Arman Méliès. S'ensuit une tournée et une série de concerts à l’Olympia malgré les séances de chimiothérapie qu'Alain Bashung subit. Le cancer des poumons qui le ronge depuis un an aura finalement raison de lui le 14 mars 2009. Ce jour-là, le chanteur pousse son dernier souffle à Paris à l’âge de 61 ans après avoir reçu, deux semaines plus tôt, trois trophées lors des 24èmes Victoires de la Musique. Ces ultimes récompenses font d’Alain Bashung le chanteur le plus primé de cette cérémonie avec 11 trophées.